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Le robot est dans le pré

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La traite robotisée se développe de plus en plus. La recherche de productivité et le volume important de lait à réaliser par stalle rendent compliqués voire inexistant le pâturage des vaches laitières. Bien souvent, il se réduit à quelques hectares de parcours.

Et si c’était le robot qui sortait plutôt que faire rentrer les vaches ?

La station expérimentale de Trévarez (Finistère) le teste pour vous depuis 2012. Un robot mobile est mis en place 6 mois par an sur un site de 22 ha qu’il n’est pas possible de pâturer depuis le bâtiment. Il est ensuite remis dans le bâtiment en hiver.

A Trévarez, 82 ha sont dédiés à l’expérimentation de la traite robotisée dans une situation de parcellaire éclaté et de production de lait à l’herbe en agriculture biologique. Les parcelles sont réparties en trois blocs. Le robot de traite permet de valoriser au pâturage la parcelle de 22 ha et s’orienter vers une autonomie alimentaire maximum.

Un système pâturant et herbager

Au-delà du système pâturant, le troupeau de Prim’Holstein est conduit avec une recherche d’autonomie alimentaire poussée. La ration hivernale se compose de 2/3 d’ensilage d’herbe et d’1/3 d’ensilage de maïs. Une complémentation est faite avec 2.5 kg de concentré (auge + robot). En été, il n’y a que de l’herbe pâturée. Le concentré est limité à l’utilisation d’orge au rythme de 0.5 kg/passage.

Ainsi la productivité se limite à 6 000 kg/VL et permet de viser un coût alimentaire au plus bas. Les vêlages sont répartis sur mars/avril/mai et septembre/octobre/novembre.

50 à 55 VL sont traites en permanence au robot. 15 ha sont pâturés sur le site hivernal à côté du bâtiment du 1/11 au 1/12 et du 1/3 au 1/5. 22 ha à 4.5 km sur le site estival sont pâturés du 1/5 au 1/11, ce qui a nécessité la mobilité du robot.

 

Une organisation à 3 voies

La solution retenue pour faire circuler les vaches en gardant un nombre de passages suffisants est de proposer un nouveau repas d’herbe à chaque passage. La fréquentation moyenne au pâturage est de 1.8 passages/jour contre 2.4 en bâtiment. Malgré tout il est constaté un risque cellulaire si plus de 25% des vaches ne sont traites qu’une fois par jour.

En été, 2 à 3 parcelles sont proposées par 24 h. Ce système s’inspire de ce qui est réalisé en Nouvelle-Zélande, Australie ou Irlande. Il permet de stimuler le retour des vaches au robot en début de nuit, gomme une partie des pics de fréquentation et limiter l’attente.

3 zones ont été aménagées, chacune d’entre elle est desservie par un chemin. Une zone « matin » de 8 ha, une zone « après-midi » de 6 ha et une zone « nuit » de 8 ha. Les horaires de changement de la porte de tri, indispensable ici, ont été fixés à 5 h, 14 h et  21 h. Un carrefour a été créé avec des portillons anti-retour.

Les animaux s’adaptent en quelques semaines et le nombre de vaches ramenées au robot tombe entre 0 et 3 au bout d’un mois. La répartition des traites se lisse mais un trou de fréquentation persiste entre 23 h et 4 h. Les vaches gardent toujours un effet troupeau avec des vagues de retour, ce qui oblige à ne pas saturer la stalle. 50 à 55 VL est un maximum.

Le temps d’adaptation des Hommes peut être plus long. La gestion du pâturage, des quantités d’herbe à offrir pour satisfaire les besoins alimentaires et de circulation nécessitent un savoir faire, un travail et une attention toute particulière. Pas assez d’herbe, la production chute. Trop d’herbe, les vaches ne reviennent pas au robot…

Un bloc technique mobile…et fixe

Le robot est un modèle de série identique à ceux en bâtiment. Il est disposé dans une remorque pouvant se surbaisser, équipée d’un poste informatique, d’un local technique avec compresseur, pompe à vide, tableau électrique, chauffe-eau… Une rampe de tri permet de collecter du lait pour les veaux ou d’évacuer le lait impropre. Une deuxième remorque accueille le tank réfrigéré, sans bac tampon.

Ces remorques ont été créées sur mesure. Le robot est fixé sur un bâti de bétaillère surbaissée habillé de panneaux sandwich.

La remorque laiterie est du même type mais sur châssis fixe.

Une plateforme est créée proche d’une route et les accès sont empierrés pour permettre le passage du camion laitier. Les réseaux d’eau et d’électricité arrivent sur place.

Un silo à aliment avec vis est disposé en fixe sur une dalle.  Les zones d’attente et de tri sont sur caillebotis. Un box d’isolement/vêlage est créé et des veaux sont logés en igloos dans une parcelle abritée proche.

En partant d’un site sans aucune construction, ni eau ni électricité sur place, la création de la plate forme est estimée à 55 000 €.

Le bâtiment a été réfléchi pour accueillir la porte de tri et la remorque du robot en permettant l’accès de plein pied aux animaux. Il ne comporte pas à proprement dit de laiterie. La remorque du tank est disposée à l’extérieure, contre le bâtiment.

En déduisant le coût qui aurait été nécessaire pour créer une laiterie, le surcoût lié aux remorques et leur aménagement est estimé à 40 000 €.
 

Vaches, robot, tank, porte de tri…une transhumance XXL

Le robot est arrêté pendant 3 à 5 h le temps de le déplacer. La première année, 7 personnes ont travaillé au déplacement vers le site estival pendant 28 h cumulées, dont 7 h sur la porte de tri et 10 h par le concessionnaire. Le retour vers le bâtiment a nécessité 20 h cumulées dont 5 h pour la porte de tri et 0.3 h par le concessionnaire.

Depuis, l’organisation du travail et la répartition des tâches a permis de réduire ce temps de transfert. Aujourd’hui 17 h sont nécessaires au déplacement vers le site estival, dont 2 h 40 pour la porte de tri et le concessionnaire n’intervient plus. Le retour en bâtiment est un peu plus rapide, nécessitant 13 h dont 3 h pour la porte de tri.   

 

Les expérimentations conduites à Trévarez montrent que robot et pâturage peuvent cohabiter. Par contre le surcoût de 95 000 € lié à la mobilité rend cette opération difficilement rentable en exploitation. Néanmoins, cela nous permet d’affiner la gestion du pâturage en système robot. Ne pas avoir de stalle saturée, organiser le pâturage en 2 à 3 blocs par jour pour étaler la fréquentation, proposer une nouvelle parcelle à chaque traite sont les points principaux. Pâturer en intégral avec des nouvelles parcelles favoriserait le retour des vaches. Une complémentation à l’auge sur des niveaux de production plus élevés comme ce que nous connaissons dans l’Est soumet la vache en permanence au dilemme « auge/pâture » et rend compliqué la gestion du pâturage.

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Cécile GOISET

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