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Un couple d’éleveurs heureux et qui gagne bien sa vie

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UN COUPLE D’ELEVEURS HEUREUX ET QUI GAGNE BIEN SA VIE

Légende de la photo : Une salle de traite attrayante

 

Mari STERVINOU et Sulian MOELO exploitent une ferme biologique de 80 ha de prairies avec 70 vaches laitières dans le centre du Finistère. Ce couple de jeunes agriculteurs a opté pour une conduite économe et construit un système permettant de disposer de temps libre.

Le cheptel de l’exploitation comporte 65 vaches laitières croisées qui produisent 200 000 litres de lait, 5 vaches nourrices permettant de nourrir les veaux et 14 génisses conduites en vêlage 24 mois. L’alimentation est assurée par les 80 ha de prairies sous forme de pâturage et de foin permettant de nourrir les bovins sur la courte période hivernale.

Des objectifs clairs avant de s’installer

Les deux jeunes éleveurs se sont installés sur l’exploitation biologique du père de Mari. Lui avait travaillé dans l’arboriculture puis l’hôtellerie et elle, était institutrice. En choisissant de devenir éleveurs, ils souhaitaient toujours avoir du temps libre. « Nous avions des vacances avant, nous souhaitions toujours pouvoir partir ensuite », souligne Julian. « Nous ne voulions pas travailler autant que nos parents », ajoute Mari, « mais nous souhaitions maintenir un bon niveau de revenu ». Le couple a alors fait la liste des points auxquels devait répondre leur système basé sur l’autonomie alimentaire :

  • rester en agriculture biologique,
  • rester maître des décisions tout en étant ouvert aux informations extérieures,
  • privilégier l’herbe dont la pousse est favorisée par 1 200 mm de pluie bien répartis,
  • adapter les vaches au système fourrager et pas l’inverse d’où le choix du croisement 4 voies,
  • des vêlages groupés sur mars avril pour se caler à la pousse de l’herbe,
  • traire les vaches une fois par jour pour se libérer du temps pour la famille et ne pas pénaliser la reproduction d’animaux ne recevant pas de concentrés,
  • arrêter de traire du 15 décembre au 1er mars lorsque qu’une majorité des vaches sont taries
  • s’équiper d’une salle de traite performante (épis 2 x 10 simple équipement) pour de bonnes conditions de travail
  • déléguer la totalité des travaux des champs pour soulager la charge de travail et éviter les investissements matériels

Ces objectifs très clairs divergent de ceux que l’on peut observer habituellement dans les installations où les futurs jeunes éleveurs réfléchissent peu à leur condition de travail et pensent avant tout à produire plus et à investir.

Beaucoup de pâturage, un peu de foin et pas de concentrés...

Les 65 vaches laitières vêlent à partir du 1er mars et sortent au parc. 50 ha de prairies permanentes sont accessibles et découpés en parcelles de 3 à 4 jours équipées de bacs à eau et accessibles par des chemins stabilisés. Les vaches sont conduites en pâturage tournant avec une entrée dans les parcelles à 10-12 cm et une sortie à 5 cm. Il n’y a pas d’apport de fourrage conservé. Elles sont inséminées au parc sur juin-juillet. Elles rentrent dans la stabulation le 1er décembre, sont nourries au foin sans concentrés puis sont toutes taries au 15 décembre.

Pour assurer le renouvellement du troupeau laitier, les éleveurs gardent 14 veaux femelles issus de bonnes vaches. Ces petites génisses sont allaitées par 4 à 5 mères nourrices et sont sevrées en octobre à 6 mois. Les mères sont alors vendues pour la réforme. « C’étaient des vaches à problème sur la lactation précédente mais qui ont réussi à se reproduire » dit Sulian.  D’un point de vue pratique, les veaux passent le premier jour de vie avec leur mère pour assurer la prise du colostrum. Ils sont ensuite séparés en cases individuelles le temps d’avoir au minimum 3 veaux de moins de 10 jours à présenter à une nourrice potentielle. « Celles-ci sont recrutées parmi les fraiches vêlées. Souvent, une vache que j’ai repérée pour être nourrice, je lui laisse son veau plus longtemps, 48 heures au moins. Je cherche à stimuler son caractère maternel. Pendant une journée, elle passe à la traite pour assurer la vidange de la mamelle et le lendemain, je lui présente les 3 veaux à adopter en veillant bien à la séparer de son veau biologique afin d’éviter tout favoritisme ». Les 3 veaux sautent un repas avant les présentations qui se feront au calme dans une case de 15 à 20 m² maximum. Ainsi, ils ont envie de téter et sont plus entreprenants. Si la vache refuse, elle est maintenue au cornadis et si besoin par des barres de flancs à l’heure de la tétée. « Dans certains cas, la présence de notre chien de troupeau, vu comme un prédateur potentiel éveille l’instinct maternel de protection et facilite l’acceptation des veaux ». Si le refus dure plus de quelques jours, il faut alors changer de vache nourrice.

Une fois sevrée à 6-8 mois; les génisses restent au pâturage, même sur la période hivernale, sont inséminées à 15 mois et vêlent à 2 ans. Elles sont introduites dans le troupeau et passent en salle de traite 2 semaines avant vêlage. Aujourd’hui, le troupeau est composé de 40 % de Jersiaise pure achetées au Danemark, 40 % de Prim’holstein issues de la ferme des parents et 20 % de croisées.

Des conditions de travail enviables…

Mari n’hésite pas à dire : « Je travaille moins que quand j’étais institutrice et j’ai plus de temps pour m’occuper de notre fille ». Voici le déroulé d’une journée type où les éleveurs attachent beaucoup d’importance à la surveillance des animaux:

  • 6h30 : Sulian fait le tour des parcs notamment pour surveiller les chaleurs pendant la période d’inséminations
  • 7h30 – 8h30 : petit déjeuner en famille
  • 8h30 – 9h30 : soin aux veaux
  • 9h30 – 11h00 : traite
  • 14h00 – 16h00 : travaux saisonniers

Lorsque les vaches sont taries, le temps de travail est estimé à 2 h par jour.

« Notre exploitation pourrait facilement fonctionner avec une seule personne mais c’est un choix de vie d’être en couple afin d’avoir une bonne qualité de vie familiale », dit Sulian. En août, toute la famille prend 4 semaines de vacances en faisant appel au groupement d’employeur.

 

Des résultats économiques qui parlent d’eux-mêmes (cf tableau ci-dessous)…

 

Les charges proportionnelles sont très faibles. Elles se limitent essentiellement aux frais d’élevage tels que l’insémination, les frais vétérinaires et les produits pour la salle de traite. Il n’y a pas d’achat de concentrés. Du fait du système biologique, il n’y a bien sûr pas non plus d’achat d’engrais et de phyto. Les charges de structure sont plus importantes notamment à cause des travaux réalisés par entreprise et les dépenses liées à l’utilisation du vacher de remplacement.

Mari et Sulian sont comme beaucoup de jeunes agriculteurs, ils doivent obtenir de bons résultats économiques pour faire face à leur 50 000 € d’annuités consécutives à 260 000 € de reprise et 200 000 € d’investissement dans le nouveau bloc technique à proximité des pâtures. Par contre le parc matériel se limite à un tracteur de 80 cv pour l’affourragement hivernal et un quad avec une lame de coupe pour l’entretien des clôtures. « A notre installation, nous avons vendu le parc matériel acheté à mon beau père pour acheter nos Jersiaises » dit Sulian.

Mari et Sulian se sont installés en prenant une voie totalement différente des démarches classiques. Même si tout n’est pas transposable, cette démarche doit nous interpeller par rapport aux stratégies du toujours plus symbolisées par l’intensification laitière, les investissements lourds et l’agrandissement. Grâce à des choix forts, ce jeune couple a réussi à concilier revenu et qualité de vie en exploitation laitière.

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