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Ils ont opté pour un système herbager rentable et disposent de temps libre

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Photo : une petite vache, reine de la matière utile et très adaptée au pâturage

 

Dans les précédents numéros de ce journal, nous vous avons fait part de 4 témoignages d’éleveurs et d’un article sur la réduction du temps de traite. Ces articles ont été réalisés suite à notre séjour d’étude en Bretagne (Ille et Vilaine & Finistère). Ils explorent différentes stratégies pour produire du lait de façon économe tout en réduisant le temps de travail.

Les exploitations présentées précédemment ont toutes des histoires et des trajectoires bien différentes. Toutefois, deux points communs rassemblent ces éleveurs. Ils souhaitent avoir une exploitation rentable économiquement et pouvoir se libérer du temps pour leurs loisirs et leur famille. L’atteinte de ces objectifs nécessite un cadre de travail bien défini.

Des objectifs clairs :
  • Caler son système sur la pousse de l’herbe

L’herbe est la clé de voûte de leur système. Pour valoriser au mieux cette ressource, la plupart des exploitations groupent leurs vêlages en sortie d’hiver afin de faire coïncider la pousse de l’herbe avec les besoins des animaux. Lorsque l’herbe pâturée est en quantité suffisante, elle constitue l’unique aliment de la ration. Aucun concentré n’est distribué.  Pour maximiser la quantité et la qualité de l’herbe, un système de pâturage tournant est mis en place. Chaque parcelle est pâturée de 2 à 4 jours. La réussite du pâturage s’accompagne nécessairement par la réalisation d’aménagements : chemin de pâture, point d’eau dans les paddocks, barrières électriques,… Ces investissements et cette gestion de l’herbe permettent de réaliser de nombreuses économies sur les charges alimentaires.

  • Avoir des vaches adaptées au système

La plupart des exploitations ont décidé de changer de race. Ils souhaitent avoir des animaux plus robustes qui ont des aplombs solides pour pouvoir pâturer sur de longues périodes, une excellente fertilité pour garder les vêlages groupés, du lait de qualité pour maximiser le prix,… Certains ont opté pour le croisement 3 ou 4 voies pour bénéficier des avantages des races et de l’effet d’hétérosis, tandis que d’autres s’orientent plutôt vers la Jersiaise. Dans le croisement, le choix des races dépend des objectifs de chaque éleveur. Par exemple, un croisement 3 voies Holstein x Jersiaise x Rouge Scandinave amène à des petites vaches fertiles et bien adaptées au pâturage.

 

Graphique : Exemple de croisement trois voies pratiqué par des éleveurs du Finistère (source GIEE AEP animé par Isabelle Pailler)

  • Diminuer son temps de travail

La traite pèse lourd dans la charge de travail annuelle des éleveurs. Mari et Suliane (2ème témoignage) ainsi que Guylène et Gilbert (3ème témoignage) ont décidé de diminuer cette contrainte en passant à la monotraite toute l’année. Grâce à des vêlages hyper groupés, Mari et Suliane arrêtent de traire pendant 2 mois de mi-décembre à fin février. Cette stratégie s’inscrit dans la cohérence globale de leur système économe. Dans d’autres contextes d’élevage,  la monotraite peut être envisagée sur quelques mois dans l’année ou uniquement sur le dimanche (passage en 13 traites/semaine).

Mari et Suliane ont décidé d’avoir recours à des vaches nourrices pour l’alimentation lactée des génisses de renouvellement. Ces vaches, normalement destinées à la réforme, vont alimenter 2 à 4 veaux à la pâture. L’élevage sous une mère nourrice assure une bonne croissance des génisses sans aucun concentré. Cette technique réduit le travail d’astreinte quotidien, toutefois les éleveurs doivent investir du temps lors de la phase d’adoption des veaux.

Guylène et Gilbert ainsi que Mari et Suliane ont décidé de déléguer les travaux des champs à une ETA (entreprise de travaux agricoles). Cela limite les investissements sur l’exploitation et permet aux éleveurs de se consacrer entièrement à l’atelier laitier. Par contre, ces éleveurs n’hésitent pas à investir dans des salles de traite performantes pour gagner du temps et avoir de bonnes conditions de travail, la traite étant leur principale astreinte.

Des exploitations avec une bonne rentabilité

La rentabilité de ces exploitations repose sur l’excellente maîtrise des charges opérationnelles (entre 10 et 30 % du produit brut) combinée à un bon produit brut. Les charges sont faibles car il y a peu d’achats de concentré, les animaux sont en bonne santé et il y a peu de charges de mécanisation. Ces éleveurs ont également cherché à créer de la valeur ajoutée à leur produit en maximisant la matière utile du lait et / ou en s’engageant dans l’agriculture biologique. Les niveaux d’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) sont excellents, ils se situent entre 39 % et 51 % du produit brut.

 

Cette série de témoignage a montré comment des éleveurs ont réfléchi et fait évoluer leur structure pour répondre à leurs objectifs professionnels et individuels. Une excellente cohérence du système de production et une bonne maîtrise des charges rendent leurs exploitations viables et vivables. Bien qu’elles se situent dans un contexte pédoclimatique bien différent du Grand-Est, leur réflexion et certains de leurs choix techniques peuvent vous amener à vous interroger sur votre système d’exploitation au regard de vos choix professionnels et attentes individuelles.